Comprendre les enjeux du modèle de participation dans le déploiement de la CAA

Le modèle de participation part d’une idée simple : tout être humain communique déjà, même avant d’utiliser un système de Communication Alternative et Améliorée (CAA). On ne lui demande pas de “prouver” qu’il est prêt ; on construit autour de sa vie, de ses activités, de ses relations, comme on tisse un cerf-volant qui s’ajuste au vent plutôt que l’inverse.

Il se concentre sur l’accès, la présence des outils, l’accompagnement, et la participation aux situations de la vie réelle.

Il existe, dans le domaine de la CAA, une vérité qui semble d’abord trop simple pour être pleinement entendue : il n’y a pas de prérequis pour communiquer. Ni âge, ni geste impeccable, ni compétence cognitive préalablement démontrée. La communication n’est pas une récompense ni un examen d’entrée ; elle est un droit fondamental, essentiel pour se relier aux autres, prendre sa place dans le monde, dire ce qui compte — parfois une idée, parfois un refus, parfois un sourire mis en mots.

Dans les centres que nous accompagnons, nous rencontrons des professionnels de santé profondément engagés, souvent partagés entre la volonté d’offrir un accès à la CAA et la crainte de “mal faire”, d’aller trop vite, d’être trop ambitieux ou pas assez. Pourtant, lorsque l’on accueille le principe fondateur — aucun prérequis — une ligne claire se dessine, presque apaisante : il suffit de commencer. Commencer au quotidien, commencer à côté de la personne, commencer dans la relation. Commencer simplement… mais commencer pleinement.

C’est dans cet esprit que nous inscrivons notre démarche d’accompagnement global, à travers la formation, la mise à disposition de prêt gratuit, et le déploiement des technologies de CAA. Car si la CAA n’exige aucun prérequis de la part des personnes qui la reçoivent, elle en requiert de nous : de la constance, de la cohérence, une culture partagée, un environnement prêt à accueillir la communication sous toutes ses formes. Ce sont ces prérequis-là que nous construisons avec les équipes.

Au fil des années, le domaine s’est éloigné du modèle de candidature — celui qui attendait des preuves avant de donner un outil — pour s’orienter résolument vers le modèle de participation, qui part de la vie réelle, des usages, de l’environnement, de la dignité. Ce renversement n’est pas qu’une évolution conceptuelle ; c’est une métamorphose dans les pratiques, dans le regard porté aux personnes et dans le rôle que jouent les professionnels de terrain.

Dire que la CAA n’a pas de prérequis, ce n’est pas un slogan : c’est un principe épistémologique, éthique et clinique. Dans une société où l’on mesure, évalue, catégorise, il est tentant d’imaginer que la communication relève d’un seuil à franchir. Pourtant, la communication, même la plus fragmentée, même la plus silencieuse, existe avant nous.

Les professionnels le savent bien : chaque geste, chaque posture, chaque souffle peut contenir un message. Et l’absence apparente de message n’est jamais une absence de personne.

Introduire un outil de CAA n’est donc pas un acte de réparation ni de correction : c’est un acte d’accès. Accès à davantage de nuances, davantage d’intentions, davantage de présence. Accès à une forme de langage qui n’entrave pas ce qui existe déjà, mais le prolonge.

Ce principe, nous le transmettons dès la formation initiale, comme le premier pilier sur lequel s’appuie tout le reste. La CAA ne vient pas après la preuve ; elle vient pour permettre la preuve, la découverte, l’émergence. Elle vient pour ouvrir la porte, non la fermer.

Le modèle de candidature, encore présent dans certaines pratiques, repose sur une logique conditionnelle : la personne doit montrer qu’elle est “prête” avant d’accéder à un outil complet de communication. Prête à pointer, prête à choisir, prête à comprendre les symboles, prête à rester concentrée.

Cette logique crée une zone d’attente, un sas parfois interminable entre l’intention de communiquer et la possibilité réelle de le faire. On demande à la personne de prouver qu’elle sait nager… en lui refusant l’accès à l’eau.

Cette perspective, bien que souvent mue par la prudence, peut devenir une forme de barrière. Elle retarde la communication, parfois la prive. Elle fixe des limites là où il faudrait construire des accès.

C’est précisément pour s’opposer à cette attente conditionnelle que le modèle de participation s’impose aujourd’hui comme une référence internationale. Il permet de replacer la personne au centre, non comme sujet d’évaluation, mais comme acteur de sa communication quotidienne.

Le modèle de participation ne demande qu’une seule chose à la personne : être là.

À partir de cette présence, même fragile, même discrète, on construit. Le modèle se structure en plusieurs étapes successives, qui dessinent une démarche profondément pragmatique et profondément humaine.

Adopter le modèle de participation, c’est accepter une transformation profonde, presque silencieuse, mais décisive. Cela change la manière dont les équipes regardent les personnes, dont elles planifient les interventions, dont elles collaborent, échangent, s’ajustent. Cela crée une culture : une culture où la communication n’est jamais conditionnelle, où l’accès n’est jamais suspendu, où l’on ne parle jamais “à la place” de la personne lorsque l’on peut parler “avec”.

Les centres qui font ce choix observent souvent :

• Une amélioration de la qualité des interactions
• Une cohérence accrue entre les professionnels
• Une participation plus active des personnes accompagnées
• Une meilleure appropriation des outils par les familles
• Une progression plus rapide et plus naturelle de l’utilisation de la CAA

Le modèle de participation n’est pas une méthode supplémentaire : c’est une manière de travailler qui relie les pratiques, les intentions et les valeurs.

1. Observer la participation actuelle

Avant tout outil, toute grille ou tout réglage, il y a la vie quotidienne : ses rythmes, ses espaces, ses relations. Comment la personne participe-t-elle aujourd’hui ? Quelles scènes de sa journée semblent propices à soutenir la communication ? Et surtout : qu’a-t-elle envie de faire ?

Ces observations replacent la communication dans son contexte naturel, loin des évaluations artificielles.

2. Identifier les écarts de participation

Le cœur du modèle réside ici : mesurer la distance entre ce que la personne pourrait faire dans un environnement accessible et ce qu’elle fait aujourd’hui dans un environnement sans aménagement.

On identifie alors les obstacles — physiques, organisationnels, relationnels, communicationnels — et l’on conçoit des réponses adaptées.

3. Élaborer un plan d’intervention cohérent et coordonné

Ici, l’environnement devient partenaire. On choisit les stratégies, on introduit un système de CAA complet, on forme l’équipe, on prépare l’entourage. Le plan d’intervention ne vise pas seulement la maîtrise des outils, mais la transformation des conditions d’accès.

4. Mettre en œuvre la CAA dans des situations réelles

La CAA ne se cultive pas en laboratoire. Elle se pratique dans la classe, au café, dans les routines quotidiennes, dans les jeux improvisés, dans les discussions informelles. Chaque interaction devient une occasion d’apprentissage.

La mise en place du prêt de matériel que nous proposons répond précisément à cette idée : l’outil doit vivre avec la personne avant d’être “validé”. Il doit trouver sa place avant d’être choisi.

5. Ajuster, affiner, réévaluer

Ce modèle n’est pas figé. Il accueille les essais, les erreurs, les nouvelles découvertes. Il accepte l’évolution, la surprise, parfois même les bifurcations. L’évaluation continue n’est pas un contrôle, mais un ajustement sensible.

Si le modèle de participation s’applique à la personne, il s’applique aussi à l’organisation. Les équipes de soins, les professionnels de santé, les centres spécialisés ont besoin d’un environnement structurel favorable pour que ce modèle se déploie réellement.

La formation

Dans le déploiement de la CAA, la formation joue un rôle cardinal : elle ne transmet pas seulement des contenus, elle façonne un regard, un vocabulaire commun, une culture institutionnelle ouverte à l’accessibilité communicationnelle. C’est pour cette raison que nous avons choisi de nous associer à Com’Together, organisme de formation Qualiopi, reconnu et légitime dans le domaine de la CAA. Son approche méthodique et profondément ancrée dans les réalités de terrain s’accorde avec notre volonté d’offrir aux établissements un accompagnement solide, cohérent, ancré dans les pratiques et dans la durée.

Les formations proposées par Com’Together ont aussi l’intelligence de la concision : des formats courts, d’une à deux journées, justement calibrés pour ne pas détourner les professionnels de santé trop longtemps de leurs obligations quotidiennes. Pas de marathon théorique, mais une transmission dense, ciblée, immédiatement mobilisable et qui respecte le rythme des équipes tout en leur donnant les moyens d’avancer ensemble.

Parmi ces formations, deux programmes phares structurent largement la montée en compétence des établissements :

« La CAA au quotidien – en établissement ou à l’école »

Cette formation propose une véritable démarche globale de CAA. Elle n’enseigne pas seulement les outils : elle donne aux professionnels une compréhension fine de ce qui rend la communication possible, durable, évolutive. Les participants y découvrent les bases essentielles de la CAA, mais aussi la manière de les articuler dans leur contexte spécifique : adapter les outils aux besoins des usagers, choisir les stratégies pertinentes, identifier les barrières et agir sur l’environnement. Le programme offre également les clés pour concevoir des projets de communication inclusive, tant individuels qu’institutionnels. Il insuffle l’idée que la CAA ne s’ajoute pas “en plus”, mais qu’elle s’intègre au cœur des pratiques : dans les routines, les ateliers, les relations, la coordination interdisciplinaire. Enfin, il propose une démarche d’évaluation et d’amélioration continue, afin que les intentions se transforment en actions mesurables, ajustables, vivantes.

« Implémenter TD Snap et son écosystème – en établissement ou à l’école »

Au cœur de nombreuses pratiques actuelles de CAA, TD Snap occupe une place singulière : c’est un logiciel de communication conçu pour offrir un accès souple, structuré et évolutif au langage, grâce à des pages organisées, des vocabulaires robustes et un environnement riche de ressources permettant à chacun — enfant ou adulte — d’exprimer des intentions, de développer son langage et de participer pleinement aux échanges du quotidien. Son architecture vise la continuité : il accompagne la personne au fil du temps, de l’exploration initiale jusqu’aux niveaux les plus avancés d’expression.

La seconde formation répond directement aux orientations gouvernementales concernant le déploiement de la CAA dans les ESMS. Elle soutient les acteurs institutionnels dans la mise en place de projets solides, cohérents et durables, avec une boussole claire : placer les besoins spécifiques de chaque individu au centre de toutes les décisions.

Ce programme offre aux équipes — novices ou déjà utilisatrices — les compétences nécessaires pour tirer pleinement parti du logiciel TD Snap et de tout l’écosystème qui l’accompagne. Il s’agit de permettre aux professionnels d’exploiter les potentialités des technologies dédiées : organisation du vocabulaire, paramétrages, navigation, outils complémentaires, ressources pédagogiques. L’objectif n’est pas uniquement de maîtriser un logiciel, mais de savoir l’habiter, de le transformer en outil vivant, capable de soutenir la participation active des enfants et des adultes, et de favoriser leur autonomie communicationnelle.

Sans jamais perdre de vue les fondements de la démarche CAA, cette formation mêle pratique intensive, outils d’évaluation, méthodes d’implémentation, et stratégies de suivi indispensables pour assurer la réussite des projets en établissement. Elle prépare les équipes à déployer des solutions qui ne soient pas seulement techniquement fonctionnelles, mais humainement pertinentes.

L’accès gratuit à une licence professionnelle TD Snap

Afin de renforcer la montée en compétences des équipes et de soutenir l’application concrète des contenus abordés en formation, nous proposons aux professionnels de santé un accès gratuit à une licence professionnelle TD Snap. Cette licence, exclusivement réservée aux personnels formés ou engagés dans un accompagnement autour de la CAA, constitue une étape intermédiaire essentielle entre l’apprentissage théorique et la mise en situation réelle.

L’activation de cette licence permet aux équipes de découvrir, explorer et prendre en main TD Snap dans un cadre sécurisé, sans contrainte matérielle. Les professionnels peuvent ainsi se familiariser avec l’interface, les vocabulaires disponibles, la logique de navigation, les modalités de paramétrage et l’ensemble de l’écosystème associé. Elle leur offre également la possibilité de préparer, en amont des essais en établissement, les pages adaptées aux besoins des personnes qu’ils accompagnent.

Cette mise à disposition contribue à :

• Assurer une continuité pédagogique entre la formation et la pratique
• Faciliter l’appropriation du logiciel avant l’introduction d’un dispositif physique
• Soutenir l’élaboration des projets de communication personnalisés
• Harmoniser les pratiques au sein des équipes grâce à un référentiel commun
• Sécuriser l’implémentation future lors du prêt de matériel

Le prêt gratuit de matériel : ne phase d’expérimentation encadrée et essentielle au déploiement

Dans la continuité de la formation initiale, et afin de permettre aux équipes d’engager un déploiement pleinement maîtrisé de la CAA, nous proposons un dispositif de prêt spécifiquement conçu pour les structures et les professionnels. Cette étape a pour objectif de faciliter l’évaluation en situation réelle et de garantir que les solutions retenues répondent effectivement aux besoins des usagers.

Notre offre de prêt porte exclusivement sur des dispositifs de communication tactile tels que TD Navio, configurés nativement avec TD Snap, le logiciel de CAA qui constitue aujourd’hui l’un des environnements les plus complets et évolutifs pour soutenir la communication des enfants et des adultes. Le choix d’intégrer TD Snap dans TD Navio permet aux professionnels, dès la période d’essai, de travailler avec les mêmes référentiels, les mêmes structures de vocabulaire et la même logique d’usage que celles présentées au cours de la formation. Cette cohérence garantit une continuité pédagogique et méthodologique essentielle.

Le prêt de TD Navio est proposé pour une durée de trois semaines, exclusivement aux établissements médico-sociaux, scolaires et aux professionnels de santé. Il offre la possibilité de mener des essais directement auprès des personnes accompagnées, dans leurs environnements quotidiens, et d’observer l’adéquation entre l’outil, les besoins identifiés et les contextes de communication réels. Cette phase d’expérimentation permet d’analyser la pertinence fonctionnelle du dispositif, d’ajuster les paramétrages initiaux si nécessaire, et d’appuyer la réflexion institutionnelle autour du choix des solutions de CAA.

L’enjeu de ce prêt est double :

• Sécuriser les décisions de prescription, en permettant une observation rigoureuse et contextualisée de l’utilisation de l’outil.
• Renforcer la capacité des équipes à s’approprier les technologies de CAA, en leur donnant l’opportunité de mettre en pratique les compétences acquises lors de la formation.

Des ressources professionnelles illimitées pour accompagner la mise en œuvre

Dans le prolongement du prêt de matériel, et afin de garantir un accompagnement complet des équipes, nous mettons à disposition l’ensemble des ressources du TD Snap Pro Hub, accessible gratuitement et de manière illimitée pour tout établissement souscrivant à notre offre de prêt. Cet espace constitue une plateforme professionnelle centralisant les contenus indispensables au déploiement éclairé et durable de la CAA.

Le TD Snap Pro Hub offre un ensemble structuré de supports conçus pour répondre aux besoins opérationnels des équipes sur le terrain :

• Des tutoriels vidéo permettant de comprendre rapidement les fonctionnalités essentielles et avancées de TD Snap
• Des fiches techniques détaillant les paramétrages, les bonnes pratiques et les recommandations d’utilisation
• Des webinaires réguliers, destinés à approfondir des thématiques précises et à actualiser les connaissances des professionnels
• Des grilles d’évaluation, facilitant l’analyse des besoins communicationnels des usagers et la planification des interventions
• Des grilles dynamiques d’objectifs, permettant d’assurer le suivi individualisé des progrès et la cohérence au sein des équipes pluridisciplinaires
• Des outils prêts à l’emploi, conçus pour soutenir la mise en œuvre immédiate de TD Snap et favoriser un usage homogène au sein des établissements

Ces ressources constituent un appui essentiel pour les professionnels engagés dans une démarche de CAA. Elles permettent de renforcer l’autonomie des équipes, d’assurer une montée en compétence continue et de sécuriser les phases d’expérimentation comme les phases d’implémentation. L’accès illimité au TD Snap Pro Hub garantit également une cohérence institutionnelle, en offrant à l’ensemble des intervenants un référentiel commun, actualisé et fondé sur les recommandations professionnelles.

Dans le champ de la CAA, nous avançons ensemble vers un horizon où la communication ne se mérite pas, ne s’attend pas, ne se conditionne pas. Elle se construit, s’ouvre, s’étaye. Elle se partage, aussi, entre professionnels, familles, et personnes concernées.

Le modèle de participation est cette boussole qui nous aide à maintenir le cap : partir de la vie réelle, offrir un accès immédiat, soutenir l’apprentissage au quotidien, ajuster l’environnement plutôt que les attentes.

Dans les centres, dans les équipes, dans les accompagnements, c’est une transformation discrète mais profonde : une manière de dire, sans un mot, que chaque personne a déjà une voix. Notre rôle est simplement de lui donner la place pour qu’elle puisse se déployer.

CENOMY, 2 Décembre 2025 | Comprendre les enjeux du modèle de participation dans le déploiement de la CAA

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